Une porte qui claque, quelques bruits sourds sur le sol. J’ouvre difficilement les yeux, ne sachant pas trop où je me trouve, et aperçoit un type dans la chambre. “Hey ! Sorry to wake you up !”.
Les choses reprennent place dans mon esprit, je me trouve dans mon auberge à Port Moresby.
Je demande l’heure, et Oliver, allemand d’une trentaine d’années me répond qu’il est 6h00, et peu de temps après, m’invite pour une bière. Mon cerveau fonctionnant lentement, je me dis que même s’il est allemand, il y a peu de chance pour qu’il s’enfile quelques bières si tôt. Je demande donc quel jour on est, pensant que l’on était samedi matin. J’apprends que l’on est toujours vendredi, et qu’il est donc 18h00. Sentiment d’une journée sans fin ! Faut dire que les dernières 24 heures ont été compliquées …
J’ai dit au-revoir à Annalise et Peter à l’aéroport de Perth, quelques heures avant mon vol à 22 heures. Un vol horrible. Voyageant avec Jetsar pour la troisième fois, qui est la compagnie low cost australienne, je me suis cette fois-ci retrouvé dans un avion plein à craquer avec les sièges collés les rangées de sièges collées les unes aux autres. Content de ne pas être très grand dans ce cas là, mais on était tellement agglutiné les uns aux autres,que j’étais moi-même trop grand finalement. Sentiment que je ne ressens pas tous les jours !
Rapidement, ma voisine situé à ma droite (j’étais près du couloir) a commencé à faire des loopings avec sa tête : tombant de fatigue mais sans avoir un endroit ou s’appuyer, sa tête tombait lourdement dans le vide puis remontait aussitôt.
Mon siège ne se basculait pas en arrière pour X raison, j’avais même la curieuse impression qu’il allait vers l’avant, essayant de me donner la position la plus inconfortable possible en me rapprochant du siège devant moi, qui lui, était abaissé vers l’arrière. A l’atterrissage, un type a dit à la steward que son siège ne se rebasculait pas en avant ; mec, ne te plains pas !
J’ai difficilement tenu en place, changeant de positions toutes les20 secondes pendant 4 heures, sans déconner. Ma tête a aussi fait des loopings.
La tête dans le brouillard à Cairns vers 4h00 du matin, avec 2-3 heures de décalage, pendant que je marchais avec mes sacs vers le terminal international pour mon second vol, je me suis rendu compte que j’avais oublié mes deux bouquins dans l’avion, et pas n’importe lesquels puisque l’un était un don de Joe, une histoire de correspondance sur la philosophie, et le second, mon guide touristique de la Papouasie Nouvelle Guinée. Génial.
Après avoir patienté quelques instants, je file faire enregistrer mes bagages. Je me pressente devant une femme très aimable, heureusement, mais qui a dû me maudire un peu. Il est 5h00 du matin, je suis son premier check-in, et je suis un problème. En effet, elle m’a demandé de présenter mon billet d’avion qui me permettra de quitter la Papouasie, que je n’avais forcément pas réservé puisque je compte quitter le pays par voie terrestre. Bref, elle me dit que ce n’est pas possible et ça ne passera pas ainsi si je n’ai pas le billet d’avion. Je lui laisse donc mes affaires et fonce trouver un réseau wifi quelque part pour acheter un billet d’avion au hasard. Une fois cette première barrière franchie, me voilà en route pour la douane …
Une pluie de questions s’abat sur moi ! Suis-je seul ? Quel est le but de ma visite ? Où vais-je loger ? Suis-je bien conscient que c’est un pays dangereux ? Et ainsi pour quelques minutes.
Forcément, mes réponses n’étaient pas adéquates, étant seul et n’ayant pas encore d’endroit où loger ; chaque chose en son temps après-tout !
La première femme confie mon passeport à une seconde, qui me fait remarquer que mon visa a expiré. Je lui réponds gentiment [vraiment gentiment, même si je fumais intérieurement ; je ne voulais pas aggraver mon cas – pas fou] que je suis en règle, puisque j’ai rendu une petite visite à l’immigration qui m’a basculé sur un nouveau visa pour que je puisse quitter le territoire.
On me dit de patienter et de m’asseoir à l’écart, tandis que la première femme vient s’asseoir à côté de moi pour vérifier les documents que le bureau de l’immigration m’a confié, pendant que sa collègue demande par radio de faire d’autres vérifications – sûrement à un agent tapis dans une pièce noire qui depuis ses 10 écrans d’ordinateurs peut accéder à toute ma vie privée !
On me remet enfin mon passeport et sur un ton grave, on me glisse un : “Be careful, you watch out for yourself up there matie”. J’ai l’impression de partir au combat en sentant leur regard peser sur moi, et me rendant compte qu’elle pensait vraiment ses mots !
Dans l’avion, les locaux, aisés, ne me rassurent pas non plus, bien au contraire. Forcément, quand je me retrouve à l’aéroport de Port Moresby dans un van avec quatre locaux, je me dis que j’ai peut-être fait une erreur d’appréciation. On traverse une partie de la capitale, qui me semble sauvage, les gens qui me dévisagent, qui sont assis dans la rue crachant des jets de liquide rouge [des betelnuts qui se mâchent et stimulent les sens], partout des mini bus pleins fonçant à toute allure entre les voitures, des personnes se tenant debout à l’arrière des pick up …
Après deux marches complètement irréelles près des supermarchés avec leurs lots d’aventures [je reviendrai dessus dans un autre article], le choc culturel est réel, et j’ai pris une sacrée claque. Toutes les personnes rencontrées à qui j’ai mentionné la Papouasie m’ont mis en garde mentionnant les problèmes d’insécurité et autres. Je me sens perdu, sous pression, et m’effondre sur mon lit en milieu d’après-midi, espérant me réveiller le lendemain matin, frais.
“Yes” ai-je dit répondu à Oliver, “I do need a beer !”.
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