« Full ! No ticket, no ferry today ! Full !« Aaaah que c’est bon le retour à la civilisation ! Enfin, ce qui s’en rapproche.
À peine 10 minutes que nous avons posé le pied dans la ville administrative du coin, Wasai, que Chloé, Steffen et moi nous voyons refuser d’acheter les billets du ferry qui est censé nous embarquer d’ici une heure ou deux. Steffen et Chloé ont un avion le lendemain, donc ils apprécient moyennement. Steffen ment, nous devons partir aujourd’hui, notre avion est ce soir, affirme-t-il. En continuant d’insister, il obtient un ticket.
Un seul, donc on continue de marchander : « Come on, only two more !« .
Les gens arrivent au fur et à mesure, une masse humaine s’accumule devant le guichet. Nous avons les premières loges, la tête engouffrée dans le parloir. Des vas et viens dans le bureau, des coups de fils, le bruit du froissement de nos billets entre nos doigts, comme pour amadouer l’employée.
Chloé revient, elle a acheté un ticket auprès d’une connaissance avec qui elle avait voyagé à l’aller ; deux enfants s’assiéront sur le même siège.
« –Come on only one more !
–No seat.
–No seat is good. »
Quelques heures après, nous étions éparpillés. Steffen roupillant contre une vitre, Chloé souffrant de sa fièvre de fin de vacances, moi somnolant en plein soleil, ma tête glissant le long de la rambarde en métal lubrifiée avec ma sueur.
Le lendemain, après s’être dit au-revoir, je pris la direction de l’office de tourisme, en quête du bureau de l’immigration. Là encore, je mens. Oui, je veux renouveler mon visa parce que je veux retourner à Raja Ampat.
Je sais de source sûre, que le renouvellement de visa se fait plus facilement ici, dans une petite ville. Je prévois de quitter cet endroit le plus tôt possible, une fois la prolongation de visa empochée. Je me doute qu’en disant à l’office de tourisme du coin que je veux rester plus longtemps dans leur région, j’ai plus de chances d’être bien dirigé.
Bingo. Un peu à contre coeur, l’un des employés sous l’insistance des autres, attrape sa carte d’identité et se dévoue pour être mon sponsor. En effet, pour obtenir une prolongation de visa, j’ai besoin qu’un indonésien me sponsorise, en remplissant des documents administratifs.
Direction l’immigration. Oui, je veux rester à Raja Ampat.
1 million. 1 millions de roupies indonésiennes (65€), c’est le prix du pot de vin pour avoir le visa prêt dans la journée. Ce n’est pas donné, mais c’est mieux [me dis-je à moi-même] que d’avoir à poireauter dans le coin entre un minimum de trois jours jusqu’à une durée indéterminée …
On me demande un billet d’avion prouvant que je quitterai le territoire indonésien. Nous quittons le bureau afin que j’en fasse un faux, et nous revenons.
Alors que tout est rempli, on nous demande une dernière chose, une interview avec le directeur, qui ne manque pas de me questionner sur mes 28 heures d’escale au Qatar. Merde. Première fois que je fais un faux billet, je n’ai pas pensé à ça. Je mens, oui, encore.
En essayant de rester cool, je dis que c’est le moins cher, et qu’à l’aller pour l’Australie j’ai attendu 10 heures ! J’apprends que le monsieur n’a attendu que quelques heures, lui, lors de son escale pour Amsterdam. Comment ? Vous êtes allé en Europe ?! Dites-m’en plus !
Après que mon nouveau copain m’ait libéré, je suis allé réservé mes deux avions qui m’emmènerait vers ma prochaine destination, avant de revenir récupérer mon passeport. Problème dans le système, on ne peut pas le faire aujourd’hui.
Je ne réfléchis pas, les mots m’échappent, je dis que ce n’est pas possible car j’ai un avion le lendemain.
La gentille dame acquiesce, et me pose une question au sujet de Raja Ampat, ma supposée destination. Elle a un don pour les sujets qui fâchent. Décidément, ça devient une habitude, je mens …
Mensonges, négociations, falsification de documents, pot de vin, extension de visa accordée sans passer par le système ; après tout, le temps c’est de l’argent. La tête de ma mère je suis un chic type !
2 Comments
C’est ce qu’on appelle « l’école de la débrouille » :p
Ahaha exactement !
Il faut bien pour obtenir ce que l’on veut ! Même si … 😀