Samedi 12 Mars, au petit matin, 4 heure, nous sommes prêts. Pas sereins, mais prêts. Clefs en main, nous nous trouvons sur le parking, juste devant les bécanes dont les derniers préparatifs ont été finalisés la veille. Les sacs à dos sont à l’arrière bien ficelés, y’a plus qu’à.
De si bonne heure car, Clément comme moi, n’avons jamais conduit un deux roues à vitesses manuelles. Quoi de mieux que d’apprendre au Vietnam, parmi ses 90 Millions d’habitants et ses 40 Millions de deux roues en circulation, dans la ville au trafic le plus animé du Vietnam ?
La légendaire équipe de bras cassés recomposée – depuis notre dernière entrevue 1 an et demi plus tôt à Brisbane, en Australie – tourne les clefs du contact et … forcément je ne démarre pas. La batterie est faible et ça ne s’arrange pas … J’essaye dans un tout petit bout de descente de la laisser rouler tout en enclenchant le contact en étant en seconde ou en troisième … Vrrrrrrooom … je l’ai eue, mais je l’ai perdue, deux fois.
Deux vietnamiens viendront nous filer un coup de main pour la démarrer en combinant kick (le machin dans lequel tu fous des shoots pour démarrer la bécane) qui déconne et démarreur automatique qui déconne aussi. Ah ben j’ai fait une affaire encore …
Finalement en route, notre idée de partir tôt quant à elle, s’est révélée fort intelligente pour une fois, malgré les airs surpris et inquiets de toutes les personnes à qui nous l’avons mentionnés. Il y a nettement moins de monde, donc c’était parfait pour se faire la main.
Après être passés chez trois mécanos différents, dont un qui m’aura roulé et un autre qui m’aura resserré une vis pour une fuite d’huile gratuitement grâce à notre nouvel ami, plusieurs pauses et quelques recherches de directions, nous arrivons 12 heures plus tard à notre destination : 120 kms effectués. La légende est en route !
Deux jours plus tard, direction l’île de Phu Quoc, cette fois-ci c’est à Clément d’avoir des problèmes et de s’arrêter chez deux mécanos. Nous faisons le trajet en deux étapes avec entre temps, un coup de fil d‘Allo La Planète.
Arrivés sur l’île, alors que l’on conduit sur une piste de terre rouge, nous nous arrêtons pour vérifier le trajet. Un vietnamien, bossant dans la construction quitte ses collègues et vient nous voir. Avec de grands sourires nous bredouillant nos trois mots de vietnamien, lui ses trois mots d’anglais, et il inspecte nos motos, la mienne surtout.
Il me pointe du doigt la béquille qui ne tient désormais plus en place et soutient à peine la moto, il me montre mon pneu avant, totalement lisse – on l’a remarqué plus tard, pas lors de l’achat, nous étions trop concentrés sur le passage des vitesses et les quelconques fuites d’huile. Enfin, il me touche l’épaule et fini par m’exposer une dernière chose dont je n’avais pas conscience : mon porte bagage.
Deux endroits avaient été ressoudés plusieurs fois, et la soudure se brisait de nouveau, faisant apparaître un trou dans le fin tube de métal creux.
Nous disons au-revoir, et redémarrons. La piste est cahoteuse, même en conduisant lentement. Nous passons des petits villages, je fais signe aux enfants, qui enthousiasmés à notre vue, crient, sourient, se retournent sur notre passage. Je suis en tête, Clément un peu plus loin, je le garde en vue dans mon rétro. Et puis, enfin, de l’asphalte, avec personne en vue, pas de trafic. J’enquille le rond point, et pleins gaz dans la ligne droite ! Clément suit, et devient rapidement un tout petit point, avant de disparaître. J’entends un frottement sur mon pneu, tout en roulant, je vérifie le pneu avant, ne vois rien, je continue. Je m’arrête plus loin pour attendre Clément, qui me rejoint, et nous découvrons l’ampleur des dégâts. Il m’a fait signe plusieurs fois sur la piste, mais je n’ai rien vu, et une fois que j’ai foncé sur la route déserte, j’étais trop loin.
Mon porte bagages s’est pété exactement là où le sorcier vietnamien me l’a indiqué, ma roue arrière frottant contre mon sac pendouillant à bruler une lanière du sac.
C’en était trop. Juste un peu trop. Moi, le poisseux impatient, m’étant arrêté trois fois chez le mécano, me retrouve toujours avec 4 problèmes à réparer en trois jours de conduite, et un sac défoncé. Je gueule, j’envois mon casque valser, ma bouteille d’eau, je gueule encore, je maudis, un peu, les villageois qui ne m’ont pas fait signe de m’arrêter, puis plus tard, la colère et la frustration s’en iront en faisant connaissance avec une adorable famille de mécanos.
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