Dans la rue ou le long des routes de campagne en Papouasie Nouvelle Guinée, il y a des gens qui se déplacent, à pied, machettes à la main, grappes de bananes sur le dos, transportant des paniers d’osier sur la tête, ou encore, des enfants en chemin arborant les couleurs de leur école ; tandis que d’autres personnes, sont assises, en groupe ou non, discutant, mâchant, et crachant ce liquide rouge que l’on obtient en mastiquant les betelnut, afin de stimuler son corps, paraît-il, alors que tout le monde fini stone.
Parmi toutes ces personnes, certaines tiennent de petites échoppes, vendant les produits de consommation principaux du pays : sac de riz, noodles, boîtes de thon et biscuits au goût de boeuf ou poulet, entre autres. Souvent, ces mêmes produits seront aussi vendus par des gens lambdas, devenus vendeurs ambulants pour obtenir de quoi survivre, en se fournissant auprès des supermarchés asiatiques. Il y a également des villageois qui vendent leurs fruits et légumes, produits de leurs terres, dans des marchés, ou bien, encore et toujours, devant les supermarchés, le long des rues, des routes, partout. De la betelnut à la mangue ou à la banane, les principaux, en passant par des saucisses ou des morceaux de farine fris, il y en a pour tous les goût, ou presque.
Cependant, tous ces spectateurs répondent aux besoins des acteurs qui sont sur la scène publique, dans la rue ou sur les routes de campagnes, les voyageurs. Je ne parle pas des touristes ou backpackers, mais simplement des locaux qui se déplacent, et ceux qui les conduisent, les conductor et drivers pilotant comme dans Mario Kart à bord de leurs Public Motor Vehicles. Les PMV !
Il y a deux sortes de PMV. Tout d’abord, les véhicules effectuant les trajets en ville, comme le premier que j’ai pris à Port Moresby sous les regards ébahis et amusés des locaux. Une ado me glissera d’ailleurs, que les gens comme moi d’habitude – les blancs – ne prennent pas les transports. C’est dans la capitale que ceux-ci sont les plus impressionnants en raison du trafic. Il y a une chier de bus partout ! Sur les routes, aux petits arrêts de bus, ou pire, aux gares routières où l’on peut trouver une dizaine de mini bus de la même ligne. Les conductor qui s’occupent de récolter les pièces d’or, se chargent également d’appeler les clients afin de remplir le bus qui partira une fois plein à craquer. Imaginez donc une gare routière à Port Moresby, où passent peut-être entre 5 et 7 lignes différentes, avec près de 5 bus par ligne. Faites le compte, et rajoutez le fait qu’il n’y a pas tout le temps de place, donc les bus se garent en travers, devant les autres. Les conductor qui crient sans cesse leurs destinations, les coups de klaxon des driver, et puis les départs. Des portes qui ne se ferment pas toujours, pas de ceinture forcément, des gens entassés sur des banquettes, strapontins, debout, a moitié dedans, à moitié dehors. Le pilote qui coupe la route à tous les autres véhicules, les autres pilotes faisant de même, certains passeront par les trottoirs ou bas côté pour dépasser.
Le second genre de PMV sont ceux reliant une ville à une autre, ou à un village. Ce sont des expéditions de plusieurs heures, voici la mienne. Au départ de Kokoda, après avoir fini le trek, debout à minuit pour rejoindre dans la nuit noire les quelques personnes qui attendent sous la pluie. Vrrooom, le camion démarre et se présente, on charge, on embarque, et on ne démarre pas. C’est PNG time, heure locale, il n’y a pas d’heure de départ. On part lorsque tout le monde est prêt. Parfois, c’est long. Très long.
A l’arrière de ce qui est un petit camion, sont assis les passagers sur des bancs dans le sens de la longueur du châssis. Au milieu, et en dessous, on entasse les bagages. Départant à minuit pour se arriver à Popondetta au petit matin, les passagers sont majoritairement des personnes qui se rendent au marché pour vendre leurs produits. Heureusement, pas d’animaux pour cette fois-ci, juste des dizaines de branches de bananes et autres fruits et légumes. Environ 30 passagers collés les uns aux autres , certains assis au milieu, entre les jambes des chanceux qui sont agglutinés sur les bancs pendant 5h30, la bâche servant de toit nous abritant par intermittence. Les passages humides dans la boue, les secousses des rocs jonchant la piste, les arrêts pour accueillir de nouveaux membres, les arrêts pour acheter des betelnuts, on se demande forcément si l’on en verra le bout.
C’est difficile à vivre, comme ce trajet cette fois-ci, ou mon dernier en date entre Kundiawa et Goroka où ayant un sac au sol entre mes jambes, j’avais également mon backpack de 15 kgs sur moi pour ne pas payer un second siège. J’ai vécu deux longues et horribles heures dans ce mini van, mais j’ai économisé un trajet, 10 Kinas ! Ouais, ça fait 3 Euros …mais ça fait aussi plus de 1,5 kg de riz ! Plus de dix dîners !
Les PMV sont une expérience formidable, entre excitation et crainte, il y a souvent une histoire à la clef, comme cette fois où le chauffeur après 20 minutes, s’arrête sur le bas de côté en haut d’une côte, et prie. Tous les voyageurs en faisant de même, baissant la tête écoutant la prière de notre chauffeur. Ou comme cette après-midi, lorsque le driver a démarré trop tôt – une fois de plus – embarquant presque les jambes d’un vieil homme avec lui, et dégondant sa porte coulissante au passage, alors que lors du trajet précédant, la trentaine de passagers dans le mini van de 12 places tentaient de se cacher de la police située en bord de route.
Un autre trajet de plusieurs heures m’attend pour dimanche et/ou lundi en direction de Lae ou Madang. Alleluia.
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